Skylab4
37 ans chez la HGC, c’est l’heure du départ. Qu’est-ce que tu ressens?
D’un côté je me réjouis de commencer un nouveau chapitre de ma vie. De l’autre, je ressens aussi une certaine mélancolie. Le temps passé chez la HGC représente une grande partie de mon quotidien et il y a certainement des choses qui vont me manquer. D’une part un travail intéressant et de l’autre les collaborateurs. J’aimais aussi venir au bureau parce que j’y retrouvais mes collègues de travail, je pouvais discuter avec eux et, après tout ce temps, j’ai appris à bien les connaître. Aujourd’hui, c’est fini – et la relation personnelle passe à un autre niveau, différent.
Quels souvenirs et impressions garderas-tu?
Lorsque j’ai commencé à travailler chez la HGC le 2 juillet 1984, j’étais le quatrième plus jeune du siège principal. J’étais surpris de pouvoir déjà établir le budget, alors que je n’étais que débutant. Et ce, pas pour l’année suivante, comme habituellement, mais pour l’année en cours! À l’époque, il existait aussi des régions, mais on n’avait pas le droit d’échanger avec les responsables concernés. Le service financier devait allouer les coûts et chiffres d’affaires à chaque région pour le budget, sans consultation!
Ensuite, j’ai pu choisir un système informatique de première génération: il lui fallait quatre heures pour générer une balance des soldes. Mais c’était évidemment passionnant de participer à une mise en place de ce type.
Est ensuite arrivée une nouvelle direction, avec messieurs Stadelmann, Lendenmann et Rysler: un vent nouveau soufflait au sein de la HGC. Plusieurs acquisitions ont été réalisées, entraînant une croissance constante du personnel de la comptabilité financière, qui ne comptait à mon arrivée que deux personnes.
Alfred Luchsinger (film non sonorisé)
Sous la direction du CEO René Furler a commencé une phase de renouvellement. Nous avons reconstruit différents sites, fait d’autres acquisitions et modernisé les salles d’exposition. Ces années ont été très prospères. Les chiffres financiers s’amélioraient d’année en année! Puis il y a eu un changement. La HGC et les résultats commerciaux ont stagné. On avait peut-être alors la sensation que cela redémarrerait, comme par le passé. Un ex-membre du Conseil d’administration a cité un jour un dicton décrivant bien à la situation: «Satte Löwen jagen nicht» (en français: les loups rassasiés ne chassent pas).
Cela a beaucoup changé ces trois dernières années. De nombreuses choses évoluent au sein de la HGC – et dans le bon sens. Avec ce mouvement est revenue la motivation et – ce qui me réjouit particulièrement – les chiffres remontent et sont de nouveau bien meilleurs.
Lorsque l’on parle de toi au sein de la HGC, voici ce que l’on entend: toujours correct, aimable, valorisant, précis et posé. Et toi, comment te vois-tu?
C’est vrai, je me reconnais dans ce portrait. Un financier doit inspirer une certaine confiance. Ce sont des millions de francs qui sont traités chaque jour, et tout doit parfaitement se dérouler. On peut donc paraître un peu froid. Un financier doit aussi rester objectif, calme et prendre des décisions à long terme. Mon entourage a toujours soutenu ce mode de travail.
Et maintenant, quelques petites choses que l’on a toujours voulu savoir sur Alfred Luchsinger:
Des hobbies?
Bien sûr, même si mon travail ne leur a laissé que peu de place jusqu’à présent. J’aime lire, marcher et voyager. Et il y a aussi la musique.
Des lectures?
Nous sommes abonnés depuis des années à trois journaux: le NZZ, le Tagesanzeiger et le Limmattaler. En ce qui concerne les livres, j’aime beaucoup Franz Kafka. Sa manière d’écrire est fascinante. Ce genre de littérature m’inspire beaucoup et pousse à réfléchir. J’aime aussi les biographies, mais pour cela il faut du temps. En ce qui concerne les polars, je les regarde plutôt à la télévision.
Ta musique préférée?
Là, j’ai sans doute des goûts particuliers: mon truc, c’est le hard rock! Je joue de la guitare depuis l’école primaire. Ma guitare classique a presque 55 ans. Mes parents me l’ont offerte lorsque j’étais en 4e classe. Elle a un excellent son et je l’utilise encore de temps en temps. J’ai déjà eu une basse mais je vais sûrement bientôt me racheter une guitare électrique.
À partir de cet été, je prévois de m’exercer une heure par jour, le but étant de jouer à un moment ou à un autre dans un groupe. On verra ce que cela donne.
Un groupe préféré?
C’est AC/DC. Mais j’aime aussi d’autres groupes du même style, comme Iron Maiden ou Deep Purple.
Un voyage ou pays (dont tu rêves)?
J’aimerais visiter la Chine. Mais il y a aussi d’autres destinations plus proches, comme l’Italie ou la France, où il y a beaucoup de jolis coins à découvrir. En général, j’apprécie de découvrir d’autres cultures et de voir et ressentir comment vivent les autres.
Un plat préféré?
J’aime manger beaucoup de choses! Un bon morceau de viande, de la salade. Les légumes peut-être un peu moins. Avec l’âge, j’ai appris à apprécier les desserts. Mais je ne mange du chocolat que lorsque j’y suis obligé.
Une boisson préférée?
Pour les boissons sans alcool, c’est le Coca Zero; sinon j’apprécie un bon vin rouge fort et robuste.
Qu’est-ce qui met Alfred Luchsinger hors de lui?
Il en faut beaucoup pour me faire sortir de mes gonds, et c’est très rare. Si les personnes en face n’écoutent pas les arguments, que la discussion part dans tous les sens, que rien n’aboutit, que tu essaies par n’importe quel moyen et que tout tourne dans le vide, alors cela me met en colère. C’est le cas aussi face à une injustice. Je suis tout à fait pour les discussions, même si elles sont dures, mais elles doivent être justes.
Qu’est-ce qui te fait pleurer?
Cela fait longtemps que je n’ai pas pleuré. La musique peut me faire pleurer de joie, mais uniquement en live, dans de bons concerts et au milieu de milliers de spectateurs enthousiastes. La mort, bien sûr, me fait pleurer. Elle ne me laisse jamais insensible.
Comment doit-on s’imaginer Alfred Luchsinger en retraite?
Je ne le sais pas moi-même et je me pose aussi la question!
J’aimerais avoir un programme quotidien et hebdomadaire. Me lever suffisamment tôt le matin, rester actif et m’intéresser à certaines choses. Je prévois d’aller faire de la musculation deux fois par semaine, d’aller courir de temps en temps, de jardiner, de beaucoup marcher et de partir pour des escapades plus ou moins longues.
Je pense qu’il est important de maintenir une certaine structure dans le quotidien, et de garder la forme mentale, également. J’aimerais aller à l’université populaire pour découvrir des sujets intéressants et m’engager dans des institutions qui aident les jeunes.
Et puis mon épouse va devoir s’habituer à ma présence. Nous sommes mariés depuis 35 ans, mais je n’ai pas beaucoup été à la maison. Même si je me réjouis de ce temps ensemble, nous devons tous les deux conserver notre espace de liberté, garder notre cercle d’amis existant.
(11.5.22 DZ)
Voilà comment nous nous plaisons à l’imaginer: Alfred Luchsinger, le retraité rockeur!
Montage photo (DZ)